Témoignage
Mahyuba, étudiante sahraouie
17 septembre 2010
Pendant l’été, dix enfants sahraouis ont été accueillis à Gonfreville l’Orcher. Mahyuba Abdalahe (25 ans) était leur accompagnatrice. Rencontre avec cette jeune étudiante sahraouie…
Depuis 1993, la ville de Gonfreville l’Orcher soutient la lutte du peuple sahraoui dont le pays a été occupé illégalement par le Maroc en 1975. Cette aide concrète se traduit par le jumelage avec J’Réfia, une ville sahraouie en exil dans le rude désert algérien. Tous les étés, une dizaine d’enfants réfugiés sahraouis sont accueillis dans des familles gonfrevillaises, adhérentes au comité de jumelage, en juillet et en août. Ils passent également trois semaines à la colonie de vacances de Magland.
Cette année, Mahyuba Abdalahe a accompagné ces enfants durant leur séjour en France. Originaire d’un camps de réfugiés sahraouis, à environ 100 kms de J’Réfia, la jeune femme fait ses études en Algérie, à Sétif, pour devenir ingénieur informatique. Rencontre…
Comment es-tu devenue accompagnatrice pour un tel séjour ?
Comme je parle un peu français, le ministère de la jeunesse au Sahara Occidental m’a proposé d’accompagner des enfants sahraouis en vacances en France. Pour moi, c’était une opportunité pour améliorer la langue. Pour apprendre, l’idéal c’est de pratiquer. C’est aussi un plaisir d’accompagner des enfants de mon pays. L’année dernière, j’avais déjà accompagné un groupe à Bordeaux.
Quel est ton rôle auprès des enfants ?
Je suis traductrice, je suis une intermédiaire entre les enfants et les familles d’accueil. Les enfants s’adaptent vite et sont rapidement à l’aise. Si les enfants ont le mal du pays, je suis là pour les réconforter…
Quels souvenirs vas-tu garder de ce séjour en France ?
Nous garderons un beau souvenir de l’accueil que nous avons reçu, autant par les familles que par la ville de Gonfreville. Tout le monde était très gentil et nous avons fait plein d’activités. Nous sommes allés à l’aquarium de Boulogne-sur-Mer. Pour les enfants, c’était un moment magique. A Dieppe, nous avons eu l’occasion de faire du bateau. C’était une première fois pour moi ! Le séjour à la colonie de Magland était vraiment très intéressant pour les enfants. Ils ont fait beaucoup de jeux collectifs, ils se sont bien amusés. Et puis, les paysages de montagnes sont magnifiques. Nous avons fait du camping. Même si nous sommes habitués à dormir dans des tentes, c’était très différent de chez nous.
Que souhaites-tu faire après tes études d’ingénieur à Sétif ?
J’aimerais continuer mes études dans une université en France, toujours dans le domaine de l’informatique. Ensuite, je voudrais retourner dans mon pays pour travailler dans une administration. J’ai envie de mettre mes compétences au service de mon pays. Dans les camps, on a besoin de tout.
Que voudrais-tu faire passer comme message aux jeunes gonfrevillais pour expliquer la situation du peuple sahraoui ?
La vie dans les camps est difficile, même si nous sommes habitués. L’environnement est difficile, il n’y a rien à part le désert. Ce qui est le plus dur à vivre, ce n’est pas les conditions de vie, mais le fait de ne pas avoir de vrai pays. Nous sommes toujours un peuple en exil. La situation avec le Maroc est bloquée, mais je garde espoir. Il faut car, sans espoir, on n’a rien pour vivre. Je crois en l’histoire de mon pays. Heureusement qu’il y a des villes, comme Gonfreville l’Orcher, qui soutiennent notre cause. On se sent moins seul. Chacun peut nous aider, en signant notamment la pétition pour arrêter la pêche européenne au Sahara Occidental. Personne n’a le droit d’exploiter nos richesses naturelles de cette façon.
Pour en savoir plus sur cette pétition :
L’Union Europénne paye le Maroc pour pouvoir pêcher au Sahara Occidental occupé. L’Accord de Pêche UE-Maroc est à la fois politiquement controversé et en violation du droit international. La campagne internationale Fish Elsewhere ! ("Allez Pêcher Ailleurs !") demande à l’UE de modifier ses opérations totalement immorales, et d’aller pêcher ailleurs. Aucune pêche ne devrait avoir lieu au Sahara Occidental avant la résolution du conflit.
- Enfants Sahraouis
- Jean-Paul Lecoq, député-maire de Gonfreville l’Orcher, et les élus du conseil municipal, ont reçu les dix enfants sahraouis de J’Réfia et leur accompagnatrice Mahyuba, le 26 juillet dernier à la mairie.
- Enfants Sahraouis
- Le comité de jumelage a proposé plusieurs activités aux enfants sahraouis pendant leur séjour à Gonfreville l’Orcher. Ici, séance découverte de la gymnastique au complexe Maurice-Baquet.

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